Histoire de l'A88
Un projet qui date de 1990
La décision de réaliser l’autoroute A88 a été prise par les pouvoirs publics dès 1990 pour :
- permettre une liaison rapide à l’intérieur de la Normandie entre les villes de Caen, Falaise, Argentan et Sées,
- connecter le Calvados et l’Orne à l’axe Rouen-Tours (aujourd’hui l’autoroute A28) à hauteur de Sées,
- relier les ports bas-normands et la Normandie intérieure à l’axe Calais-Bordeaux et au réseau autoroutier national et international.
> 2005 : le choix de la mise en concession
Pour accélérer la réalisation de l’autoroute, l’Etat décide de mettre en concession le tronçon manquant Falaise-Sées.
> 2008 : le choix d’ALICORNE
L’Etat a confié par contrat en août 2008 à la société ALICORNE le financement, la réalisation et l’exploitation de la liaison Falaise-Sées.
> 2009- 2010 : la dernière ligne droite
ALICORNE s’est engagée à construire en 26 mois 30 km d’autoroute entre Falaise et Argentan et à aménager l’ensemble de la liaison Falaise-Sées pour une mise en service avant fin 2010.
> 27 août 2010 : Mise en service de l’A88 avec 2 mois d’avance
Un chantier de 22 mois
ALICORNE a confié la conception-construction de l’A88 au groupement GIE A88, constitué des entreprises NGE, Spie Batignolles TPCI, Valérian, Demathieu et Bard et Malet. Ce groupement avait 26 mois pour livrer l’autoroute clé en main : un contrat rempli avec 2 mois d’avance.
L'actionnariat d'Alicorne réunit :
jusqu'à 550
+ de 1500
150
3 980 000 m3
1 990 000 m3
1 650 000 m3
340 000 m3
40 000 m3
jusqu'à 550
+ de 1500
150
3 980 000 m3
1 990 000 m3
1 650 000 m3
340 000 m3
40 000 m3
1 990 000 m3
1 650 000 m3
340 000 m3
40 000 m3
jusqu'à 550
+ de 1500
150
3 980 000 m3
Les grandes étapes
> Mai 2008-juin 2009 – Conception et études de projet
Le GIE A88 a confié l’ingénierie de la construction de la Section Falaise ouest – Sées de l’A88 à un groupement piloté par Egis (via sa société Egis Route). Rapidement, la conception générale est définie, les dossiers permettant le démarrage des travaux (tracé général, espèces protégées, polices de l’eau) sont approuvés. Et les études d’exécution des terrassements, assainissements et ouvrages d’art peuvent démarrer.
Plus d’une centaine d’ingénieurs et projeteurs travaillent sur le projet sur une dizaine de sites et produisent les 2 000 plans nécessaires à l’exécution des travaux.
> Novembre 2008-mars 2009 – Travaux préparatoires et franchissement de la voie RFF Paris-Granville
L’hiver 2008-2009 a été consacré à la réalisation des décapages, des déboisements, des pistes de chantier et des premiers ouvrages hydrauliques.
Une solution d’ouvrage préfabriqué est retenue pour le franchissement de la voie ferrée Paris-Granville qui coupait le chantier en deux. Son montage a nécessité une douzaine de nuits (seule période de travail possible).
> Février-novembre 2009 – Terrassements et assainissements profonds
La mobilisation d’importants moyens humains et matériels a permis de réaliser les terrassements en une seule saison et de terminer les couches de forme en calcaire traité au ciment avant l’hiver 2009/2010.
En parallèle, les assainissements profonds ont été réalisés pour maintenir la continuité hydraulique locale (dimensionnés pour absorber les crues centennales) et assurer la stabilité des talus. Des ouvrages hydrauliques courants (buses et cadres) de dimensions diverses sont également aménagés pour le passage de la faune.
> Février 2009-avril 2010 – Construction du viaduc de l’Orne
Pour préserver le site de la Vallée de l’Orne et de ses affluents, d’une grande valeur environnementale, et assurer une transparence hydraulique et écologique, le constructeur de l’A88 a conçu un viaduc de 350 m de long.
Compte tenu de la nature des sols, une structure mixte acier-béton a été retenue pour la réalisation des deux tabliers de 11 m de large chacun.
L’ouvrage comporte 8 travées dont 6 de 46,5 m et 2 en rive de 37,5 et 35,5 m.
Ces travées reposent sur 28 piles et deux culées en béton, fondées sur autant de pieux forés dont les plus profonds s’ancrent à 25 m dans le calcaire sain. Les pieux ont été tubés sur les 12 premiers mètres pour prévenir de tout risque de pollution du site et de la nappe phréatique.
Pour garantir le respect des délais, les poutres métalliques des tabliers (1 600t) ont été fabriquées dans deux usines. Elles ont été transportées sur le site par camion et assemblées par tronçon de 175 m avant d’être lancées sur les piles (4 lancements de juin à octobre 2009).
Une fois les poutres métalliques positionnées sur les appuis, deux équipages mobiles ont permis, à la cadence journalière de 12 m, le bétonnage des tabliers durant l’hiver 2009-2010. Des précautions ont été prises (chauffage et bâchage des équipages) pour assurer un travail régulier et de qualité malgré les conditions hivernales.
• 400 poutres précontraintes ont été fabriquées et amenées sur le site : poids 20 à 30 t et longueur de 20 à 30 m.
• 3 ouvrages innovants TENSITER de portée 22,50 m et 24 m ont été préfabriqués et transportés sur le site par éléments de 12 m de longueur, de 12 t maxi.
Le printemps 2010 a été consacré aux finitions (étanchéité, garde-corps, écrans antibruit, corniches, joints de chaussée, peinture) et à la remise en état de la vallée (démontage de la piste et des ponts provisoire, plantation).
> Décembre 2008-décembre 2009 – Construction des ouvrages d’arts courants
L’A88 franchit notamment deux autres vallées classées Natura 2000, les vallées de l’Houay et de la Baize. Ces franchissements ont nécessité la construction de quatre ouvrages assurant la transparence hydraulique et écologique. 18 autres ouvrages ont également été nécessaires pour rétablir toutes les voiries interceptées.
Pour des raisons de respects des délais et de réduction des interventions sur site, le GIE A88 a choisi d’utiliser au maximum la préfabrication. Deux techniques ont été retenues : des tabliers réalisés en poutres préfabriquées précontraintes (19 ouvrages) et des cadres préfabriqués classiques (3 ouvrages) ou innovants (3 ouvrages).
> Novembre 2009-juillet 2010 – Travaux de chaussée :
Dès le mois d’octobre 2009, alors que s’achève la réalisation des couches de forme, les deux centrales de préparation des matériaux bitumineux sont en cours de montage. Pour faire face à d’éventuelles intempéries et ne pas compromettre le délai global, une grande capacité de production a été mobilisée : 4 500 t par jour.
La réalisation de la couche de grave bitume (GB 0/14 classe IV) a démarré en novembre, suivi de la grave des accotements. Malgré 10 semaines d’intempéries, la grave bitume s’est achevée en avril. La couche de roulement (BBSG 0/14 classe III) a été réalisée en mai et juin 2010.
Au total : 16 000 t de bitume et 300 000 t de granulats ont été utilisées sur l’A88.
> Octobre 2009-avril 2010 – Réalisation de l’assainissement de surface
L’objectif est précis et rigoureux : préserver le milieu naturel en collectant et en traitant toutes les eaux de la plate-forme routière avant leur retour régulé dans le réseau hydraulique local. En fonction des pentes de l’autoroute, des débits collectés et de la sensibilité hydrologique de la zone, les eaux sont recueillies dans des fossés étanches ou par des caniveaux en béton et conduites vers les 19 bassins de traitement.
Ces bassins sont équipés d’un système de contrôle du débit de rejet à des valeurs approuvées dans le cadre des arrêtés « loi sur l’eau ». Ce système retient les matières polluantes et restitue des eaux claires au milieu naturel.
> Avril-août 2010 – Réalisation des équipements de sécurité
Les équipements sont essentiels à la sécurité et à l’information des usagers de l’autoroute. Principales quantités mises en œuvre :
• glissières métalliques : 30 000 m
• muret béton : 30 000 m
• clôtures : 58 000 m
• signalisation horizontale : 300 000 m
> Octobre 2009-juillet 2010 – Réalisation des équipements de péage et d’exploitation
Cabines, bornes automatiques de péage, système d’éclairage, contrôle vidéo, réseau d’arrêt d’urgence, radio FM et d’exploitation. Ces équipements sont essentiels pour la sécurité et le confort des usagers ainsi que pour la viabilité de la concession. Cette conception a été longuement concertée entre ALICORNE, le GIE A88, Egis (via sa société Egis PROJECTS) qui a réalisé la fourniture et l’installation des équipements d’exploitation de l’autoroute, et l’exploitant ROUTALIS (filiale d’Egis Road Operation, société d’Egis dédiée à l’exploitation).
Les études de détails, la fabrication des équipements et les inspections en usine ont été réalisées en 2009 pour une installation sur site à partir de janvier 2010. Les tests ont commencé en juin 2010 en même temps que la formation du personnel de l’exploitant. Ils se sont terminés début août, ce qui a permis à Alicorne de prendre possession des locaux et des équipements et de préparer la mise en service.
> Août 2009-juillet 2010 – Réalisation du centre d’exploitation et d’entretien
Construit sur la commune de Fontenai-sur-Orne, le centre d’exploitation est le centre névralgique de la concession. Il est composé de quatre pôles principaux :
• une zone de bureau où se trouve le poste de contrôle,
• un garage avec atelier de réparation et d’entretien, zone de stockage et magasins,
• la station hivernale : stockage de sel couvert et centrale de fabrication de saumure,
• une zone de stationnement et de stockage extérieure avec une station-service propre à l’exploitant.
C’est dans ce bâtiment que le concessionnaire ALICORNE a établi ses locaux.
Un éco-chantier
Pour garantir le respect des sites naturels dans lesquels s’intègre l’autoroute A88, le Groupement concepteur-constructeur GIE A88 a mis en œuvre des solutions techniques spécifiques qui permettent de minimiser les impacts du chantier et de l’ouvrage sur l’environnement :
Montage de la charpente du viaduc hors zone humide
• des pistes de chantier sur géotextile permettant une meilleure remise en état des sites,
• des ponts provisoires pour franchir les cours d’eau sans dégrader leurs berges naturelles,
• des mouvements de terre très maîtrisés. Un réemploi systématique des matériaux du site a été effectué : terre végétale et limon enaménagements paysagés, limon et calcaire en remblai, calcaire et quartzite en couche de forme, quartzite en matériaux de substitution,
• un assainissement provisoire permettant de limiter les risques de pollution des cours d’eau,
• des fondations profondes (pieux forés-tubés) protégeant de toute pollution les nappes phréatiques,
• des techniques évitant la présence d’engins dans les vallées sensibles (tabliers poussés pour l’Orne, ouvrages préfabriqués en usine pour les vallées de l’Houay et la Baize, etc.),
• une remise en état très soignée du site avec réalisation d’aménagements paysagers,
• l’optimisation des surfaces nécessaires à l’autoroute et restitution des surfaces excédentaires,
• l’achat et la mise en valeur en termes de biodiversité de zones de compensation avec contrat de gestion à long terme.
Un chantier qui a suscité l’engouement
29 juin 2009 : lancement du tablier du Viaduc de l’Orne
Etape marquante du chantier. Parmi les nombreux ouvrages d’art, le viaduc de franchissement de l’Orne, à Argentan, est le plus important. Long de 350 mètres, c’est le pont le plus long réalisé dans le cadre du projet de l’A88 avec le souci permanent d’assurer une parfaite transparence écologique. Son objectif est de préserver le contexte hydrologique du site de la vallée de l’Orne et de ses affluents, classé NATURA 2000, et de respecter le corridor de déplacement de la faune.
Randonnée VTT à la découverte du chantier
Le dimanche 15 novembre 2009, le chantier de l’A88 était exceptionnellement accessible au public, lors d’une randonnée VTT organisée par ALICORNE, le GIE A88 et le club de VTT de Sarceaux. Près de 350 inscrits ont pu parcourir et découvrir les coulisses du chantier.
Ils ont découvert les rouages du chantier de l’autoroute A88
• Les élus de Fleuré, La Hoguette, Moulins-sur-Orne et Rônai en septembre 2009 et d’Argentan et Sarceaux en octobre 2010.
• Des classes de BTS Travaux Publics du lycée Régional du BTP Pierre Simon de Laplace, de Caen, par de nombreuses visites et des cas concrets basés le chantier durant deux années scolaires.
• Huit jeunes de 14 à 16 ans de l’Institut Médico-Educatif l’Espoir d’Argentan le 18 février 2010. Une visite demandée par l’IME qui faisait suite à un travail préparatoire pédagogique engagé sur le suivi des développements des axes autoroutiers comme l’A28 et maintenant l’autoroute A88.
• 18 membres de la commission « Transports et Communications » du Conseil Economique et Social (CESR) de Basse-Normandie, le 2 mars 2010.
• Les élèves du BT Topographe du lycée Gabriel d’Argentan, les 5 et 16 mars 2010 (ci-contre).
Un millier de participants à l’opération « Autoroute du souffle » sur l’A88 le 18 juin
ALICORNE, société concessionnaire de l’A88, l’association Vaincre la Mucoviscidose et l’Union Sportive du Pays de Falaise se sont unis le vendredi 18 juin 2010, pour lutter contre la mucoviscidose, en organisant des randonnées à pied, cyclo et roller sur l’A88 entre Argentan et Falaise. Une opération solidaire et une manière inédite de découvrir la future autoroute qui a séduit un millier de participants.